Hôtel-Dieu

Localisation :

Tours, îlot compris entre la Grand-Rue au nord, le carroi Saint-Maurice à l’est, la rue des Couteliers au sud (aujourd’hui disparue) et la rue de l’Aumône à l’ouest.

Dates :

XIe siècle-1816

État du batiment :

Détruit

Hôtel-Dieu, détail de La fort ancienne et noble ville de Tours, Claes Jansz Visscher, 1625, gravure, Tours, Bibliothèque municipale, Ic. 2894/1-4.
Crédits : © Bibliothèque municipale de Tours, cliché F. Joly

La fondation de l’Hôtel-Dieu de Tours remonterait au VIe siècle, cependant, les premières mentions de l’établissement ne sont pas attestées avant le XIe siècle. Implanté devant l’église Saint-Maurice, future cathédrale Saint-Gatien, il se composait de plusieurs bâtiments s’articulant autour d’une église [Giraudet, 1871, p. 78-79]. Ravagé par l’incendie déclenché par la garnison du château de Tours au début du XIVe siècle, l’Hôtel-Dieu est reconstruit vers 1360. L’établissement s’étendit au cours du XVIe siècle par l’achat de plusieurs propriétés voisines notamment du côté de la place Saint-Étienne et de la rue des Couteliers (aujourd’hui disparue). Selon Sylvain Livernet, l’Hôtel-Dieu représentait un vaste ensemble s’étendant de la Grand-Rue à la rue des Couteliers et de la rue de l’Aumône au carroi Saint-Maurice, devant la cathédrale [Livernet, 1983, p. 87]. L’établissement était doté d’un cimetière qui était situé hors les murs de la Cité, sur l’emplacement de l’actuelle rue Bernard Palissy. Agrandi à plusieurs reprises, l’espace funéraire finit par atteindre la place Saint-Étienne au cours du XVe siècle [Giraudet, 1871, p. 106].

 

Un établissement de soins

Dans un premier temps, destiné à accueillir les pèlerins de passage dans la cité, l’Hôtel-Dieu devint rapidement un lieu dédié à l’accueil des personnes démunies. Il pouvait ainsi abriter aussi bien des invalides, que des personnes âgées ou encore des femmes enceintes. Il offrait non seulement des soins, mais également de la nourriture et un hébergement [Vons, 2012]. Les soins y étaient assurés par les frères hospitaliers de la Charité. Les documents d’archives sont peu éloquents quant aux soins dispensés au cours des XVe et XVIe siècles. Tout au plus, connaît-on quelques noms de médecins, barbiers et chirurgiens qui y ont officiers. Par eux, peut être cité Nicolas de Nancel qui exerce dans l’établissement dans les années 1580 [Giraudet, 1871, p. 107]. Une chose est certaine, l’Hôtel-Dieu n’avait pas vocation à accueillir les patients atteints de maladies contagieuses. Les plus aisés restaient chez eux, les autres étaient envoyés dans les maladreries et autres sanitas de la cité. De même, les enfants abandonnés n’avaient pas leur place à l’Hôtel-Dieu, ils étaient recueillis par les aumônes et notamment par l’Hôpital de La Madeleine qui leur était dédié.

 

L’administration de l’Hôtel-Dieu

Jusqu’à la fin du XVe siècle, la gestion de l’établissement était aux mains des ecclésiastiques et notamment à deux intendants et un prieur [Renumar, 11 janvier 1496]. Les intendants étaient choisis parmi les chanoines et le prieur était un prêtre [Giraudet, 1871, p. 90]. Les gestionnaires dépendaient des dons et de la générosité des plus fortunés pour faire vivre les lieux. Non seulement ce mode de fonctionnement rendait l’institution vulnérable au manque de ressources, mais en plus, il était aux mains de personnes qui s’avérèrent incapables d’en assurer la gestion de manière satisfaisante. Louis XII tenta, à travers l’ordonnance de Blois, en 1499, de confier l’administration de l’hôtel-Dieu à des personnes « capables et solvables, simples bourgeois, habiles et économes », mais les choses restèrent telles qu’elles étaient. François Ier voulut lui aussi réformer l’Hôtel Dieu et instaurer une administration mixte, à la fois entre les mains des ecclésiastiques et des laïcs. Le 8 novembre 1533, trois bourgeois de la ville furent choisis par l’archevêque de Tours, Antoine de La Barre, et nommés administrateurs des aumônes de Tours. Les changements n’eurent pas les effets escomptés et la nouvelle administration s’avéra plus calamiteuse encore que l’ancienne, elle fut même dénoncée dans un édit daté de 1546. La même année, le roi décida de rendre la gestion complètement laïque. Six bourgeois de la cité, auxquels s’ajoute le maire de la ville, furent nommés administrateurs. Parmi eux fut désigné un comptable responsable des fonds. En 1547, les revenus des aumônes de la ville furent rassemblés sous l’appellation d’aumônes patrimoniales [Vons, 2012] et confiés à la nouvelle administration laïque malgré le refus des religieux [Giraudet, 1871, p. 94]. Le roi avait également institué un contrôle royal par les juges royaux chargés de procéder à la surveillance et à des visites générales des différents hôpitaux. Henri II rétablit en partie la gestion ecclésiastique en faisant appel à son grand aumônier pour surveiller l’application des réformes, mais revint rapidement à une gestion purement laïque. Les changements successifs furent préjudiciables aux hôpitaux qui furent grandement fragilisés par un siècle de mesures contradictoires et de luttes intestines entre laïcs et religieux.

L’Hôtel-Dieu continua tant bien que mal de poursuivre son œuvre jusqu’à la Révolution. En 1802, il fut rattaché à l’hospice de la Charité (futur hôpital Bretonneau). L’année suivante, les malades furent transférés et les lieux désaffectés pour être transformés en école de dessin et en caserne. Un nouvel hôpital vit le jour en 1807 sous l’impulsion du cardinal de Boisgelin dans une partie des bâtiments de l’ancien Hôtel-Dieu. En 1816, une partie des bâtiments furent détruits pour laisser la place au parvis de la cathédrale [Vons, 2012].

 

Bibliographie

Giraudet Eugène, « Histoire de l’Assistance Publique à Tours, première partie : établissements hospitaliers : l’ancien Hôtel-Dieu de Tours », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. II, 1871, p. 78-156.
Livernet Sylvain, Tours au temps du roi Louis XI, Blois, La Clairmirouère du temps, 1983.
Vons Jacqueline, « Les lieux de soins à Tours sous l’ancien régime », Histoire des sciences médicales, T. XLVI, n°4, 2012.


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